jeudi 27 mars 2008

Des petro-monarchies aux nucleos-etats.

Les États du Golfe et plus largement du Moyen-Orient sont mondialement connu pour leur pétrole, ils pourraient le devenir pour leur nucléaire civil. Le Moyen-Orient ou Asie de l'Ouest regroupe les pays allant de l'Égypte à l'Iran et de la Syrie au Yémen. Hormis la crise rampante du nucléaire iranien, une nouvelle tendance se développe dans ces états pour faire face à la fin programmée du pétrole et l'augmentation des besoins énergétiques.

Sous couvert de sa politique dite d'ambiguïté, la seule puissance nucléaire reconnue dans la région est Israël. En prenant l'autoroute au sud de Tel-Aviv, vous pouvez d'ailleurs apercevoir des panneaux de signalisation indiquant un centre de recherche sur le nucléaire, pas besoin d'aller dans le Néguev comme Vanunu. Vous pouvez aussi vous rendre sur Google Earth pour voir a quoi ressemble ces centrales.

Les besoins énergétiques de la région sont élevés. A l'origine un vaste terrain de jeu pour quelques tribus bédouines, la zone a connu un développement remarquable grâce aux revenus du pétrole conduisant à un fort accroissement de la population. Dans ces contres désertiques, la nature doit être maîtrisée et le problème majeur reste l'eau. La plupart des états ont donc lancés des programmes de désalinisation, n'ayant d'autres ressources hydrauliques disponibles
. Le Koweït par exemple ne dispose d'aucun fleuve, d'aucune nappe phréatique et ne peut compter que sur de très faibles précipitations et la désalinisation. Malheureusement, ces opérations sont extrêmement gourmandes en énergie.

L'initiative la plus avancée à l'heure actuelle est celle du Conseil de coopération du Golfe qui regroupe Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Ces états ont décidés en 2007 de développer leur propre énergie nucléaire et de coopérer en matière de technologie. Cependant, deux états semblent s'écarter un peu de cette voie. Lundi, Bahreïn a signe un contrat de coopération avec le Département d'État Américain pour développer son nucléaire civil. Le deal prévoit que l'État bahreïni achète son combustible sur le marché mondial et ne cherche pas à maîtriser cette phase, contrairement a l'Iran. Cet accord est décrit par les Américains comme un modèle de transparence. Le montant des contrats pour les entreprises américaines n'a néanmoins pas été précisé. De leurs cote les Emirats Arabes Unis font cavalier seuls et ont lancé une agence nationale charge de recherche sur le sujet.

Pour poursuivre dans cette belle journée du nucléaire, l'Égypte a elle aussi signe son contrat avec les Russes d'un montant de 1.8 milliards de dollars pour la construction d'une centrale nucléaire sur la cote méditerranéenne. Les Russes font du clé en main, il ne reste aux égyptiens qu'à tourner le bouton. En contrepartie, les russes attendent des Egyptiens l'achat d'armes conventionnelles. Les deux pays sont faits pour s'entendre: la Russie est le 1er vendeur mondial d'armes et l'Égypte le 5eme acheteur. Le même type d'assistance est en place avec l'Iran, échange de technologie contre l'achat d'armes conventionnelles.

Autre pays intéressé par le nucléaire, la Jordanie qui souhaite développer son programme nucléaire avec des partenaires occidentaux pour la phase de recherche et de construction: la France pour la qualité de son expertise, les Etats-Unis allies traditionnel, rien n'est encore décidé. Seul objectif, construire une centrale d'ici 2015. Autre point important le pays voudrait bénéficier de l'expertise Kazakh pour extraire son propre uranium. La quantité d'uranium disponible devrait lui suffire à alimenter ses centrales. Le Kazakhstan actuel 3eme producteur d'uranium souhaite à la fois faire office de vendeur de combustible et de poubelle pour les pays de la région, une bonne occasion de revitaliser les steppes…

Le Yémen est aussi bien avancé mais sur une pente un peu glissante. Le pays est un ancien repaire de terroristes dont l'hôte le plus célèbre ne fut autre que Mr. Laden. Les tribus sont souvent en rébellion contre le pouvoir. La sécurité n'est pas au top comme en témoigne les récentes attaques de touristes et les obus visant l'ambassade Américaine la semaine dernière (qui sont tombes dans une cour d'école). Malgré ces problèmes, les autorités ont signées un contrat avec les États-Unis de 15 milliards de dollars (on ne sait pas d’où ils les sortent) pour construire cinq centrales. Malheureusement la transaction est entachée de petits soucis de corruption. Petit conseil aux terroristes, attendez quatre cinq ans et vous pourrez aisément voler du combustible au Yémen.

Enfin, la Syrie est elle aussi soupçonnée de développer un programme nucléaire militaire en coopération avec la Corée du Nord. Ces rumeurs ressortent du raid effectué par l'armée israélienne l'année dernière pour détruire des installations militaires dans le désert. Allies de la république, l'Iran continue lui aussi de développer un programme nucléaire civil des plus opaque et ce malgré les sanctions onusiennes.

La région représente un énorme potentielle en terme d'énergie solaire avec un soleil présent toute l'année et de grands espaces vides. Néanmoins les états ne semblent réfléchir qu'a court terme et céder aux offres alléchantes des pays occidentaux avides de vendre leur technologie qui leur a tellement coûté en terme de recherche et développement. L'utilisation de la technologie nucléaire dans un climat tempéré et a une époque (les années 50) ou peut de sources alternatives existait peut être défendue. Mais la prolifération dans une région instable qui bénéficie de conditions exceptionnelles pour l'utilisation de technologies durables est elle inacceptable. Ce qu'on bien compris les Allemands, s'interdisant la vente de technologie nucléaire au Moyen-Orient et cherchant a développer leur projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation) qui consiste a déployer l'énergie solaire dans les pays a haut potentiel i.e. désertiques comme l'Algérie pour fournir l'Europe en électricité.

Toutes les informations ont été recoupées sur différents sites : journaux, centre de recherche, agences internationales.

Seul site qui vaut le détour: http://trec-eumena.org/index.html?PHPSESSID=02d85d932e44a13bdd9eacb7e29dbcee


lundi 24 mars 2008

Eau a volonte! (Terre d'Islam oblige)

La ville est un des territoire contrôlé par l'Autorité Palestinienne (zone A). Il existe donc un check point en dehors de la ville pour inspecter entrées et sorties. La police de l'Autorité Palestinienne vérifie les passeports de même que les israéliens. Peuplée depuis des temps immémoriaux, la ville est un oasis en plein milieu du désert de Judée situé a quelques encablures de la Mer Morte. Célèbre pour sa bataille au cours de laquelle les murailles s'effondrèrent par la simple volonté divine après le défilé sept fois autour de la cité pendant sept jours, de l'arche d'alliance et de sept prêtres sonnant sept chofars (trompettes). Elle est aussi célèbre pour la destruction de sa prison en 2006, par des chars cette fois et non des cornes de boucs. Le but étant d'extraire les six assassins (membres du FPLP, laïc et plus a gauche que la Fatah) de Rehavam Zeevi (ministre du tourisme d'Israël) qui allaient bientôt être libérés.

Malgré ces épisodes guerriers, la ville est un véritable havre de paix. La cité est la ville la plus basse du monde (-291m, je viens juste de l'apprendre). En ce moment, la palmeraie est couverte de bougainvilliers en fleurs. Les cultures sont nombreuses et l'endroit est célèbre pour ses dates que les marchands ambulants vendent aux arrêts de bus. Les cultures sont nombreuses utilisant de petits canaux pour l'irrigation. Et encore plus fou pour quelqu'un venant de Jordanie, les gens ont des piscines! Certains restaurants proposent même une piscine, des rafraîchissements, des jeux pour enfants aux touristes de passage.

Site idéal; de l'eau, du soleil et une voie de communication (la mer morte était plus haute a l'époque), ce fut une des premières villes au monde (comme toutes les villes du coin, croissant fertile oblige). La ville est aussi connue pour abriter un événement marquant de la vie de Jésus. Ce serait dans les montagnes surplombant la ville que ce situe la tentation du Christ par le diable. Pour cette raison, des moines orthodoxes ont construit un monastère auquel on accède par un téléphérique au prix rédhibitoire de 10$. Désolé mais nous n'avions pas envie d'enrichir un peu plus Mr Abbas et sa clique. Néanmoins la visite du palais d'Hicham est charmante. Il est construit sur le même modèle que les châteaux du désert (j'ai écrit un post dessus ou pas, sinon RDV dans les photos). Il servait de relais de chasse pour les sultans Ottomans (de Damas) venus se dégourdir les chameaux a la poursuite de gazelles. Le plan est asse simple: une mosquée, des bains, quelques chambres (les autres dormaient dehors) et ce qu'il faut pour se nourrir.

La sortie du territoire est assez difficile, il n'existe pas de liaisons directes entre Jéricho et Jérusalem, il nous faut donc sortir de la zone puis aller jusqu'à l'arrêt du bus venant d'Eilat. Ce que nous faisons grâce a deux Israéliens habitants a Jéricho : un Ethiopien et Irlando-Israelo-Jordano-Palestinien, si si il avait deux passeport et deux carte d'identité et travaillait dans le deal d'alcool. Les Israéliens ne peuvent rentrer dans les enclaves car cela est considéré comme de la trahison (les deux entités sont toujours en guerre). Seuls les binationaux peuvent le faire.

L'Autorite Palestinienne


Le week-end dernier nous (avec Marion) sommes allés nous balader a Jéricho (sur laquelle j'interviendrai plus tard), occasion de voir un territoire sous contrôle palestinien. Les accords d'Oslo, signé en 1993 ont instauré l'Autorité palestinienne. L'accord prévoit le transfert de souveraineté de certaines villes et villages du gouvernement Israélien à une autorité élue. On dit les accords car il y a eu Oslo I et II. Le premier prévoit les modalités de négociation comme la reconnaissance mutuelle et le second les méthodes du transfert de souveraineté. Il y a deux type de souveraineté accorde aux palestiniens:

· Les zones A (2 %), sous contrôle civil et militaire palestinien, comprend les grandes villes palestiniennes : Jenin, Tulkarem, Naplouse, Qalqilya, Ramallah, Bethléem, Hébron et Jéricho

· Les zones B (26 %), sous régime mixte avec un contrôle civil palestinien et un contrôle militaire conjoint, comprend les villages palestiniens et diverses portions du territoires cisjordanien.

Lorsque l'on est jamais allé sur le terrain, on se dit: "ça va, les palestiniens gouvernent quelques villes". Le problème c'est que leurs pouvoirs sont très limites dans les faits. Il n'existe aucune continuité de territoire (étape primordiale pour la constitution d'un État dixit les cours de Droit International). Sur la carte de l'Autorité Palestinienne, les petits confettis en dehors des grandes villes sont les zones B, ou l'autorité ne contrôle qu'un village et quelques champs alentours. De plus les palestiniens ne contrôlent pas l'eau, propriété de l'État d'Israël. Un système identique est appliqué dans les pays pauvres en eau comme la Jordanie. Il permet de contrôler strictement l'accès à la ressource. Il faut par exemple demander un permis pour creuser un puit. L'électricité, les taxes, tout est fournit par Israël.

Dans son souci sécuritaire permanent rendu nécessaire pour sa survie, l'État israélien a développé de nouveaux moyens de ségrégation. (A ce sujet la très intéressante étude géographique de Jacques Lévy "Topologie furtive"). Israël applique une ségrégation géographique divisant les routes et les espaces de passage entre les deux peuples. Certaines routes ne peuvent être empruntes que par les israéliens, on en construit d'autres pour les palestiniens. On construit aussi des tunnels pour éviter que les peuples ne se croisent ajoutant ainsi une nouvelle strate à l'espace géographique. D'autres moyens sont utilisés pour fractionner l'espace de la Cisjordanie: les colonies et le Mur bien sur mais aussi les zones militaires et les réserves naturelles qui empêchent tout développement.

Le conflit qui oppose les deux peuples est a fleur de peau. Par exemple, je dit a mes collègues, qui sont tous plus ou moins d'origine Palestinienne que je suis allé en Israël ils me disent non, tu es allé en Palestine! On s'embrouille un peu, je leurs dit que le pays dont ils sont citoyens a reconnu cet État… Autre exemple marrant sur le site de voyage forum, des qu'une discussion est engage sur Israël a propos des conseils, des bons plans… la discussion finie toujours en empoignade sur la colonisation, le droit d'existence et tout les sujets rebattues depuis de lustres. Le présent article n'est pas destine a prendre parti. Ajoutons simplement que tout les arabes ne sont pas opposes a l'État d'Israël et que tout les israéliens ne sont pas des colons. Certains israéliens boycottent les produits venant des implantations, par exemple.

La semaine prochaine, le plateau du Golan. Mais cette fois il est impossible de boycotter un si bon vin…

mercredi 12 mars 2008

Liberté de la presse - حرية الصحافة

La Jordanie apparaît souvent comme un pays libre, ou les gens peuvent faire plus ou moins ce qu'ils veulent. Cette affirmation est en partie vraie car l'on compare souvent la Jordanie au pays voisins. Seul pays arabe plus libre, le Koweït, la presse est libre aussi en Israël pour tout ce qui ne concerne pas les Palestiniens et l'armée. Tous les journalistes jordaniens doivent appartenir à la très puissante Association Jordanienne de Presse. Vous me direz, un syndicat de journalistes qui les défend et leur apporte un soutien. En vérité, l'association est plus ou moins contrôle en sous main par le gouvernement et le statut des membres poursuit une politique dite "d'anti-normalisation" avec Israël. Il est interdit à tout journaliste d'avoir de contact si ce n'est officiel avec un Israélien ou Israël. L'offense au roi et à la famille royale est bien sur punie. Etant donne que ce dernier possède a peu près tout les pouvoir autant dire que l'on ne critique pas beaucoup le pouvoir.

Mais les journalistes réussissent a passer outre cette censure en critiquant ouvertement le gouvernement qui est aujourd'hui très décrié a cause de la situation économique qui ne s'améliore pas. Ils peuvent aussi faire intervenir des personnes qui ne sont pas journalistes et en indiquant au bas de la page que l'opinion exprimée ne reflète pas la position du journal. La plupart des medias supportent le gouvernement et appartiennent de près ou de loin à la famille régnante. Le contrôle s'exerce plutôt a travers l'autocensure. Internet est en accès totalement libre.

Le problème principal des autorités jordaniennes et des autres gouvernements arabes est le contrôle des bouquets satellites. La plupart des familles arabes disposent d'une parabole et peuvent recevoir toute sorte de chaînes : musique, films, informations et ce de différentes provenances : monde arabe, Occident, Asie. Dernièrement la Ligue Arabe a réussit s'entendre sur le contrôle de ce media. Un document a été signe entre les Etats membres pour s'assurer que les chaînes du satellite ne diffuse pas de contenu qui "affecte la paix sociale, l'unité nationale, l'ordre publique et la morale publique ou diffame les leaders, les symboles nationaux et religieux." Tout les Etats on signe sauf le Qatar qui souhaite conserver la liberté de ton de la chaîne nationale Al-Jazeera qui se garde bien de critiquer les dirigeants qataris.


A défaut de régler le problème libanais, la ligue arabe s'accorde très bien pour ce qui est de limiter la liberté des populations.

dimanche 9 mars 2008

Inflation - التضخم

Comme la France, la Jordanie n'est pas épargnée par l'inflation. De chiffre officiel pour l'instant il n'y en a pas. D'ailleurs qui peut parler d'un chiffre réel et indépendant de l'inflation lorsqu'il existe un ministère des statistiques? Pour donner un ordre d'idée du coût de la vie ici c'est à peu près la moitié de la France mais les salaires vont de 150 euros pour un ouvrier à 800 euros pour un chef. Un instituteur gagne environ 350 euros et un ingénieur 500. Maintenant parlons un peu de l'augmentation des prix et la situation macro-économique.

Avant la Guerre du Golfe épisode II, le premier partenaire commercial du pays était l'Irak de feu Saddam Hussein et Ali le chimique (j'adore ce nom de guerre). L'Irak vendait le pétrole pour une bouchée de pain et recevait en échange d'autres bien de consommation courante fournit par les jordaniens. C'était l'accord "pétrole contre nourriture" grâce auquel même Charles Pasqua (qui est dans toutes les bonnes combines) a réussit a recevoir de l'argent. Pendant cette période d'embargo on peut même dire que les américains fournissaient l'Irak par le biais de l'accord de libre-échange conclut entre la Jordanie et Les Etats-Unis…

Malheureusement ce second épisode a apporte les réfugiés et les problèmes énergétiques ont commences. Les prix du pétrole et du gaz sont aujourd'hui au plus haut sur le marché mondial et la Jordanie n'en a pas. Par le biais de subventions gouvernementales, le prix des énergies fossiles restait artificiellement stable. Or ces subventions ont été supprimées pour ne pas ruiner l'Etat au début de l'année. Un exemple très simple, une bouteille de gaz dont le prix est contrôlé par le gouvernement coûtait en décembre 4.75euros, elle est aujourd'hui a 6.75 et devrait atteindre les 10 euros a la fin de l'hiver car les gens en auront moins besoin pour cause de coupure de chauffage. Tout les jordaniens utilise le gaz pour la cuisine, ici point de plaque électrique ou a induction…

A cela on ajoute bien sur l'augmentation mondiale des prix de l'alimentation car nos compères agriculteurs ont décidés de faire des agro carburants qui ne changent rien a l'effet de serre (a part pour la canne a sucre). Et d'utiliser les surfaces agricoles pour essayer de faire de l'énergie plutôt que de nourrir la population. Les jordaniens rajoute eux-mêmes un couche en important la plupart de la nourriture: mon kebab au mouton vient d'Australie, ma pomme des Etats-Unis et mon boeuf du Brésil. L'agriculture est ici très difficile car les surfaces arables sont faibles et l'eau assez rare. Les jordaniens ne sont pas prêts d'importer de la nourriture sioniste, seule agriculture exportatrice de la région. Ou peut être le font-il déjà sans le marquer sur les emballages…